"Les luttes mettent du temps": Rousseau juge que l'affaire Bayou n'est "pas nécessairement" finie
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Visée par Julien Bayou, Sandrine Rousseau lui répond. Quatre jours après l'annonce du classement sans suite de la procédure judiciaire pour harcèlement moral et abus de faiblesse contre l'ex-patron des Écologistes, la députée s'est fendue d'une longue mise au point.
Les faits reprochés à Julien Bayou "n’ont pas besoin de qualification judiciaire pour être appréhendés politiquement: ils relèvent du mécanisme caractéristique de la domination sexiste, au sein du pouvoir et par le pouvoir", juge l'élue parisienne sur le réseau social Blusky ce 24 février.
Le point de départ de cette affaire: les premières accusations, révélées par Le Figaro, de l'ex-compagne de celui qui est alors la tête de proue des écologistes à l'été 2022. Cette dernière, Anaïs Leleux, a adressé un courriel adressé en juillet 2022 à la cellule interne des Verts sur les violences sexistes et sexuelles, y dénonçant des violences psychologiques.
Quelques semaines plus tard, c'est au tour de Sandrine Rousseau, interrogée sur le sujet sur France 5 d'évoquer des "comportements" de son collègue écologiste "qui sont de nature à briser la santé morale des femmes". La députée explique également "avoir reçu très longuement chez (elle) l'ex-compagne de Julien Bayou".
À l'époque, Anaïs Leleux n'avait pas voulu être entendue par la cellule, et aucune plainte n'avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte.
En mars 2024, Anaïs Leleux avait finalement déposé deux plaintes, l'une contre Julien Bayou, l'autre contre le parti EELV, devenu Les Écologistes. À la suite de ces plaintes, le parti avait confié à un cabinet spécialisé une enquête interne sur ces accusations, avant que Julien Bayou ne claque la porte du mouvement et du groupe parlementaire, dénonçant un "acharnement déloyal et scandaleux".
Lors des législatives anticipées en juin dernier, Julien Bayou se représente mais retire finalement sa candidature lorsque l'union de la gauche décide de présenter un candidat face à lui.
En octobre dernier, Les Écologistes avaient annoncé que l'enquête interne était close, sans que des preuves de délits n'aient été trouvées. Le 18 février dernier, la justice a décidé de classer la plainte d'Anaïs Leleux.
Dans la foulée, l'ex-député écologiste a déploré lors d'une conférence de presse les "conséquences négatives" de cette affaire sur sa vie, accusant la direction des Écologistes, incarnée par Marine Tondelier de "médiocrité" et de "lâcheté", sans la citer nommément. "J'ai tout perdu", a encore expliqué l'ancienne étoile montante.
Sandrine Rousseau, elle, a été directement critiquée par Julien Bayou. "Puisqu’il n’y a pas eu d’enquête, il n’est pas innocenté', disaient par exemple Rousseau et d’autres" au début de cette affaire, a ainsi déploré l'ex-écologiste, accompagnée de son avocate Marie Dosé.
"Juridiquement, le classement sans suite fait de lui un présumé innocent des faits visés par ces plaintes. Ce n’est pas nécessairement la fin de la procédure, mais c’est un point d’étape incontestable, qui dit l’état du droit sur ce cas précis", lui répond Sandrine Rousseau sur le réseau Blusky.
L'ex-compagne de Julien Bayou attend désormais de recevoir le dossier judiciaire pour envisager de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile.
"Si nous sommes, comme nous le revendiquons, un parti féministe, pourquoi avons-nous tant de mal à reconnaître que si certaines de nos adhérentes ont été humiliées, par un homme qui s’est servi à cette fin de la part de pouvoir que nous lui avions confiée, cela contrevient à nos règles, à nos valeurs et requiert une réaction de notre parti?", se demande encore Sandrine Rousseau.
"Parfois les luttes mettent du temps", avance encore l'ex candidate à la primaire écologiste en 2021, jugeant que "c’est précisément sur ces sujets-là que nous attendons notre parti, et non sur des réactions uniquement calquées sur l’activité policière et judiciaire".
La direction nationale, incarnée par Marine Tondelier qui compte bien rester la patronne du mouvement lors du prochain congrès en avril, a déploré "les souffrances" et "les conséquences négatives" que cette affaire a occasionné chez Julien Bayou.
Le mouvement promet également d'engager un débat interne sur "les enseignements à en tirer".
BFM TV